L’empreinte carbone est notre contribution personnelle aux changements climatiques. Elle mesure la quantité de gaz à effet de serre émise directement ou indirectement par une personne. Elle est exprimée en équivalent CO2 (éqCO2), car elle inclut aussi l’action sur le climat d’autres gaz, tels le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). Par commodité et simplification, "CO2" est souvent utilisé à la place de "éqCO2" – et c'est aussi le cas dans cet article.
En Suisse, en prenant aussi en compte les gaz à effet de serre émis à l’étranger du fait de notre consommation de produits importés, cette empreinte est d'environ 12 tonnes de CO2 par habitant et par an (sans les produits importés, elle est d’environ 5 tonnes).
Pour éviter les catastrophes liées au réchauffement global de notre planète, la Suisse s'est engagée en 2017 à faire sa part en ratifiant l'Accord de Paris : il s'agit de réduire nos émissions individuelles à 5 tonnes par an d’ici 2030, puis à 1 tonne (1000 kg) par an d’ici 2050, soit environ 3 kilos de CO2 par personne et par jour pour toutes nos activités : transports, logement, alimentation et consommation.
En Suisse, notre consommation de biens (meubles, articles de ménage et d’entretien, vêtements, etc.) provoque l’émission de plus d’une tonne de CO2 par personne et par an. Ces émissions ont principalement lieu à l’étranger, puisqu’on importe la grande majorité de ces biens. On peut cependant aussi économiser l’énergie grise. D’ailleurs, depuis 2000, les émissions de gaz à effet de serre en Suisse ont diminué de 23 %, alors que les émissions à l'étranger – liées à l’importation de produits – n’ont diminué que de 1 %.
Il faut ajouter aux émissions qui ont lieu lors de la fabrication des objets celles liées à leur transport, qui se fait principalement par avion ou par bateau. Notons qu’au niveau mondial, le transport maritime – qui est essentiellement dédié aux marchandises – émet encore plus de gaz à effet de serre que l’aviation. Si on considère uniquement les émissions de gaz à effet de serre liées au transport de marchandises en Suisse, elles atteignent environ 500 kilos de CO2 par habitant et par an.
La production des objets a aussi des impacts importants sur les ressources. En effet, presque tous les biens de consommation nécessitent des matières premières provenant des quatre coins du monde. En Suisse, on estime que la consommation de matières premières atteint 43 kilos par habitant et par jour. Si tous les pays consommaient autant, il faudrait presque trois planètes pour couvrir cette consommation ! L’approvisionnement de certains matériaux sur lesquels repose notre économie n’est donc pas encore garanti à moyen ou long terme.
C’est pourquoi les maîtres mots en matière de consommation sont les « trois R », réduire, réutiliser, recycler : réduire sa consommation de biens, (ré)utiliser et réparer ces derniers plus longtemps, et – en tout dernier recours – les recycler. L’ordre des mots est important, car du point de vue environnemental, il est beaucoup plus efficace de renoncer à l’achat d’un produit que de le recycler.
Dans ses choix de consommation, on peut donc contribuer à réduire son impact sur le climat. Les choix les plus efficaces figurent ci-dessous par ordre d’importance. Pour chaque action, un bouton « i » explique la méthode de calcul.
Acheter trois fois moins de vêtements neufs : Environ 220 kilos de CO2 par an
Dans le domaine de l’habillement et des chaussures, la part des émissions générées à l’étranger s’élève à plus 90 %. En moyenne, ces produits représentent d’ailleurs 5 % de l’empreinte climatique d’un individu vivant en Suisse. La fast fashion, qui consiste à acheter des vêtements pour les utiliser sur de courtes périodes, augmente fortement les émissions carbone de l’habillement. Cette pratique induit aussi un gaspillage énorme, puisque près d’un tiers des vêtements mis en vente dans les magasins suisses sont détruits. En Suisse, le potentiel d’émissions évitées en limitant notre consommation de vêtements est 100 fois supérieur aux émissions qu’on évite déjà grâce à notre recyclage assidu des bouteilles en PET.
Au-delà de leurs impacts sur le climat, il ne faut pas oublier que les vêtements ont aussi d’autres impacts tout au long de leur cycle de vie :
Pour réduire l’impact de ses achats de vêtements, on peut les conserver plus longtemps et privilégier les matériaux et la fabrication de haute qualité, un choix souvent plus coûteux mais nettement plus durable.
Préférer des appareils électroménagers ou électroniques d’occasion : Environ 200 kilos de CO2 par an
Contrairement aux appareils électroniques, les appareils électriques et électroménagers consomment autant d’énergie lors de leur fabrication que lors de leur utilisation. En moyenne, ces appareils émettent donc à peu près autant de CO2 lors de leur fabrication que lors leur utilisation. Il vaut donc la peine de garder l'électroménager et les appareils électroniques le plus longtemps possible, en les entretenant bien et en les réparant. Et si l'on doit absolument acheter du neuf, il convient de privilégier les modèles facilement réparables et peu gourmands en énergie.
À titre d’exemple, plus de la moitié de la population genevoise a déjà pris l’habitude d’acheter des livres, du mobilier ou des vêtements de seconde main. Et les trois quarts des personnes interrogées se sont même déclarées prêtes à recevoir un cadeau de seconde main.
Les “Repair Cafés” dans toute la Suisse
Listes de petits réparateurs selon les régions et types d'objets
Penser au recyclage : Environ 90 kilos de CO2 par an
Lorsqu’on trie ses déchets, seule une partie des matériaux peut être recyclée. Si on prend l’exemple des appareils électriques et électroniques – chaque habitant en jetant en moyenne environ 15 kilos par an – à peine plus de la moitié des matières qu’ils contiennent peuvent être valorisées en Suisse dans des usines spécialisées.
Par ailleurs, tous les processus de recyclage nécessitent de l’énergie, et parfois aussi l’utilisation de produits chimiques. Par exemple, pour recycler du verre, il faut régulièrement vider les containers de collecte, acheminer le verre usagé jusqu’à une installation de traitement, broyer les tessons de verre, retirer les éventuelles impuretés à l’aide de machines, puis faire fondre le verre usagé dans des fours à 1’600° C – et ces fours sont pour la plupart chauffés au gaz naturel, une ressource fossile. Chacune de ces étapes consomme de l’énergie et finalement, produire une bouteille en verre recyclé ne permet d’économiser que 28 % de l’énergie par rapport au verre classique.
En France, l’ADEME a estimé la quantité de CO2 qu’on évite d’émettre lorsqu’on recycle différents matériaux.
Avant l’achat d’un objet, on peut se demander si on en a vraiment besoin, si on peut s’en procurer un d’occasion, si on peut l’emprunter ou le louer au lieu de l’acheter, et si on a bien choisi un produit à longue durée de vie, fabriqué dans un pays qui fait respecter de bonnes conditions de travail.
On peut aussi penser à donner ou revendre ses anciens produits électroniques qui fonctionnent, plutôt que les laisser dans un tiroir. D’un point de vue environnemental, le recyclage ne vaut en effet la peine que lorsque l’appareil ne fonctionne vraiment plus.
Renoncer à l'achat d'un sèche-linge : Environ 40 kilos de CO2 par an
Si on ne veut pas renoncer à cet appareil, payer un peu plus cher pour un sèche-linge très efficace du point de vue énergétique peut être rentable à long terme. En Suisse, environ 150’000 sèche-linges sont vendus chaque année, dont 60 % appartiennent aux catégories d’efficacité énergétique les plus faibles. L’Office fédéral de l’énergie estime qu’en choisissant des modèles dont l’efficacité énergétique est la plus haute, les ménages pourraient économiser 8 millions de kWh, soit près de 2 millions de francs par an.
Penser à la sobriété numérique : Environ 40 kilos de CO2 par an
La fabrication des appareils numériques émet des gaz à effet de serre, car ces appareils nécessitent des matériaux dont l’extraction consomme beaucoup d’énergie. Par exemple, pour obtenir 1 kilo de nickel – un métal très utilisé dans les produits électroniques et les batteries – il faut émettre environ 9 kilos de CO2. Généralement, les appareils électroniques ont donc plus d’impact sur l’environnement lors de leur fabrication que lors de leur usage. C’est pourquoi il faut les faire durer le plus longtemps possible.
Il convient aussi de se rappeler que lorsqu’on utilise un appareil numérique connecté à Internet, le téléviseur, l’ordinateur ou le smartphone ne sont pas les seuls à consommer de l’électricité. Les serveurs sur lesquels se trouvent les contenus et les données, ainsi que l’ensemble des appareils permettant aux réseaux de communication de fonctionner consomment également une part substantielle de courant électrique. Il existe néanmoins de nombreuses manières de réduire son empreinte numérique.
Placer son argent dans des fonds d’investissement durables : ?? de CO2 par an
Il faut commencer par prendre le temps de réfléchir aux activités économiques qu’on souhaite soutenir ou pas. On peut ensuite établir une liste des secteurs ou des entreprises à exclure partiellement ou totalement, en raison de leur activité (par exemple le tabac, l’exploitation du charbon ou le secteur minier). À l’inverse, on peut aussi établir une liste des secteurs à privilégier (par exemple l’agro-écologie, l’économie circulaire ou les technologies propres). L’offre de produits de placements disponibles sur le marché ne correspond pas toujours aux préférences individuelles. Il est donc important de les exprimer pour que les banques améliorent progressivement leurs offres. Et il faut également lire attentivement la documentation remise par la banque.
On peut aussi choisir d’investir directement dans le développement des énergies renouvelables.
Pour aller plus loin
Notation des banques de détail (Source: WWF)