Nous utilisons pratiquement tous Internet quotidiennement pour envoyer des e-mails et des messages instantanés, rechercher des informations ou regarder des vidéos. Et le nombre d’équipements numériques ne cesse d’augmenter : 96% des ménages suisses sont aujourd’hui équipés d’un ordinateur, 98 % d’un smartphone.
Avec la révolution numérique, de nombreux appareils pour communiquer, travailler et se divertir occupent désormais l’espace professionnel comme l’espace privé : smartphones, ordinateurs, tablettes, écrans de télévision, consoles de jeux, objets connectés par Bluetooth ou Wi-Fi, etc. Et toutes ces activités numériques reposent sur des centres de données (ou data centers) et des réseaux (câblés, comme la fibre optique ou la colonne vertébrale d’Internet ou non-câblés, comme la 4G/5G), les bornes Wi-Fi et parfois même des satellites.
La fabrication des appareils numériques a plus d’impact que leur utilisation
La fabrication des appareils numériques nécessite d’importantes quantités de matériaux et d’énergie. Par exemple, pour produire un ordinateur personnel, il faut extraire environ 800 kg de minerais, émettre 240 kg de gaz à effet de serre et utiliser plus de 20 kg de produits chimiques. Quant aux smartphones, 95 % de leur impact environnemental a lieu lors de la fabrication. Pour produire les dizaines d'éléments chimiques différents qu’ils contiennent, il faut extraire plus de 30 kilos de minerais provenant des quatre coins du monde. Et ces minerais sont parfois exploités dans des conditions très discutables (utilisation de produits nocifs, travail d’enfants, accidents récurrents dans les mines, etc.).
Sur le graphique ci-dessous, on voit par exemple que les téléviseurs nécessitent une quantité importante de matières premières dont l’extraction a un impact CO2 très élevé, alors que leur utilisation a un impact CO2 beaucoup plus faible.
L’énergie grise des appareils numériques – celle nécessaire à leur fabrication, leur transport et leur élimination – est bien supérieure à l’énergie qu’ils consomment lors de leur utilisation. De plus, l’impact de l’électricité consommée en Suisse par ces appareils est nettement inférieur à celui de l’électricité consommée sur les lieux de production. C’est pourquoi on estime qu’en moyenne, seul un quart de l’impact environnemental de ces appareils concerne la Suisse.
Pour limiter son impact sur l’environnement en Suisse et à l’étranger, on peut :
- Se demander si on a réellement besoin d’un nouvel appareil ou d’un nouveau service numérique, surtout si l'intelligence artificielle est utilisée (lien externe en anglais).
- Réfléchir à la raison pour laquelle on a besoin d’un nouvel équipement et à l’usage qu’on va en faire ; sur cette base, décider des appareils vraiment nécessaires et des exigences auxquelles ils doivent répondre.
- Conserver ses appareils le plus longtemps possible. Passer de 2 à 4 ans d’usage pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50 % le bilan environnemental de leur production (puisqu’on en produit alors deux fois moins); on peut d'ailleurs facilement employer pendant 10 ans ou plus certains appareils.
- S’équiper de matériel reconditionné. Les fabricants ou les magasins en ligne proposent de plus en plus fréquemment ce type de produits, qui sont d’ailleurs garantis.
- Privilégier les modèles d’appareils faciles à réparer (-> consulter l’Indice de réparabilité disponible notamment pour les smartphones, les ordinateurs portables et les téléviseurs).
Annuaire de la réparation en Suisse romande, proposé par la Fédération romande des consommateurs
- Pour tout nouvel achat, vérifier l’étiquette énergie. En choisissant les appareils les mieux classés, on peut économiser 15 à 20 % d’électricité sur leur durée de vie. Mais attention, acheter du matériel uniquement parce qu’il consomme moins d’énergie – et non pour répondre à un besoin réel – entraîne bien sûr un plus grand impact environnemental, puisque sa fabrication nécessite de l’énergie !
- Utiliser un appareil multifonctions (p.ex. pour imprimer, copier et scanner les documents) : cela permet de gagner de la place et de consommer moins de ressources.
- Partager l’utilisation de ces appareils : de nombreuses plateformes proposent de partager l’utilisation de tous types d’objets (p.ex. pumpipumpe.ch).
Il est interdit d’éliminer les équipements usagés dans les ordures ménagères, car ils contiennent des substances dangereuses pour la santé et l’environnement (plomb, cadmium, mercure, PCB, etc.). Les commerces sont tenus de reprendre gratuitement les équipements électriques ou électroniques usagés du même type que ceux qu’ils proposent dans leur assortiment. Et cette règle s’applique même lorsque le client ne souhaite pas acheter de nouvel appareil.
Le streaming de musique ou de vidéos représente 80 % du trafic sur Internet
Entre les vidéos et la musique, le streaming représente près de 80 % du trafic de données. Or il nécessite d’abord de posséder un terminal (téléphone, tablette, ordinateur…) et donc des serveurs dans des centres de données (data centers). Vient ensuite le traitement d’informations dans ces data centers, puis leur transmission via des réseaux de télécommunication, étapes qui consomment toutes deux d’importantes quantités d’électricité. Lorsqu’on regarde une vidéo en streaming, l’appareil qu’on utilise consomme environ la moitié de l’énergie nécessaire ; l’autre moitié est consommée par les infrastructures numériques.
La consommation d’électricité des centres de données, des réseaux et des terminaux n’est pas linéairement proportionnelle à la quantité de données transmises, en particulier pour les réseaux fixes. C’est aussi le nombre de connexions (ou d’abonnés) qui détermine le nombre de serveurs allumés, et donc la consommation d’électricité. Pour économiser cette dernière chez soi – mais aussi chez les fournisseurs de données – on peut :
- Éteindre les systèmes tels que les box Internet ou les TV lorsqu’on ne les utilise pas.
- Désactiver les fonctions autoplay et lecture en arrière-plan.
- Utiliser des écrans de petite taille.
- N’utiliser la vidéo lors de visioconférences que lorsque c’est vraiment nécessaire.
- Si l’on souhaite écouter de la musique, privilégier les plateformes de streaming musique, dont les données sont mieux optimisées que sur les plateformes vidéo. Et sur certaines plateformes, on peut aussi choisir d’écouter la musique sans la vidéo.
- Utiliser la résolution SD (standard definition) au lieu de HD (high definition) ou UHD (ultra-high definition). Une résolution plus faible nécessite la transmission de moins de données.
- Privilégier une connexion par câble Ethernet plutôt que par Wi-Fi. Si l’on préfère une connexion sans fil, utiliser le Wi-Fi plutôt qu’une connexion à un réseau mobile (4G ou 5G) permet de diviser par 2 (voire par 6) la consommation d’électricité. Plus important encore, choisir le Wi-Fi réduit la pression sur les nouvelles installations, et donc le besoin de produire de nouveaux équipements.
- Si l’on souhaite réécouter une chanson, revoir une série ou un film, il est préférable d’enregistrer le fichier sur son smartphone, sa tablette, sa TV ou son ordinateur. Et on peut toujours privilégier les bons vieux supports physiques tels que les CD, les DVD ou les vinyles.
Le numérique absorbe 8 % de l’électricité consommée en Suisse
En Suisse, la consommation de services numériques par les ménages et les entreprises représente environ 8 % de l’électricité consommée dans le pays, dont à peu près la moitié sert à faire fonctionner les réseaux de télécommunication et les centres de données. Ce chiffre ne tient cependant pas compte de l’électricité consommée à l’étranger. Au niveau mondial, on estime que lenumérique consomme entre 5 et 12 % de toute l’électricité produite.
Pour économiser l’électricité que consomment nos appareils numériques, on peut :
- Prendre le temps d’activer sur chaque appareil les paramètres d’économie d’énergie.
- Ne rester connecté à Internet que lorsque c’est nécessaire. Si l’on n’a plus de téléphone fixe chez soi et que l’on n’utilise pas Internet, on peut éteindre le modem-routeur (aussi appelé « box ») et économiser ainsi jusqu’à CHF 30.- par an. Pour automatiser cette déconnexion, il suffit de brancher sa box sur un programmateur.
- Débrancher les ordinateurs et les consoles de jeux quand on ne les utilise pas. Le plus simple est d’alimenter tous ses appareils à l’aide d’une multiprise commune munie d’un interrupteur, afin de les éteindre d’un seul geste. On évite ainsi d’éventuelles consommations cachées et le gaspillage d’électricité, les grésillements et l’électrosmog. En effet, même si la consommation des veilles a baissé (0,5 W pour un certain nombre d’appareils), elle reste de 2 W ou plus pour les appareils connectés à Internet ou à des réseaux de données.
- Réduire la luminosité des écrans, car la consommation électrique d’un écran dépend surtout de sa taille et de la luminosité.
Pour ne pas avoir besoin d’acheter des appareils avec des capacités de stockage démesurées, on peut faire régulièrement le ménage dans ses fichiers. On peut aussi stocker le moins possible de documents dans le cloud, ce qui limite les duplicatas de stockage et l’encombrement des serveurs, tout en rendant moins nécessaire la production de disques de stockage supplémentaires. On peut également désinstaller les logiciels que l’on n’utilise pas afin de préserver la place sur les machines et limiter leur ralentissement logiciel.
Et enfin, on peut également veiller à consommer local en matière de services numériques. Les émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation d’électricité sont en effet plus faibles en Suisse que dans les pays où sont situés la plupart des serveurs des géants du web.
L’impact du numérique au quotidien : ordres de grandeur et comparaisons
Pour estimer l’impact environnemental d’un geste du quotidien, on peut tenir compte simultanément des émissions polluantes et des déchets produits, ainsi que de l’utilisation des ressources (énergie, minerais, eau, etc.). Pour cela, les spécialistes emploient les “unités de charge écologique” ou “UCE”, qui ramènent à un seul indicateur une large palette d’atteintes à l’environnement. Les UCE permettent aussi de comparer l’impact relatif de différents comportements.
Toutefois, il est très difficile de connaître précisément l’empreinte environnementale de certains gestes (p.ex. l’envoi d’un e-mail) en raison d’un trop grand nombre de facteurs à prendre en compte. Les estimations données ci-dessous permettent de se faire une idée des ordres de grandeur, même si elles peuvent beaucoup varier en fonction des sources et des hypothèses faites.
Liens utiles
Évaluation de mon empreinte environnementale professionnelle individuelle du numérique en kg eq. CO₂ (Institut du Numérique Responsable, Suisse)
Simulateurs sur les appareils numériques et les usages numériques (ADEME, France)
Équipements TIC et durabilité : prise de conscience et comportements (PDF - Office fédéral de la statistique)