Des études menées dans des villes aussi différentes que Guangdong (Chine) et Londres montrent que lorsqu’on marche le long d’une route à fort trafic, l’air peut être nettement moins pollué sur un trottoir que sur le trottoir d’en face. Cela dépend du sens du vent, et aussi de la configuration de la route: les alignements de bâtiments serrés les uns contre les autres empêchent l’air de circuler.
L’air pollué est plus lourd que l’air pur, principalement à cause des particules de suie (PM10) émises par les véhicules diesel. En conséquence, dans une rue encaissée – les spécialistes parlent de rue "canyon" – l’air vicié ne peut pas s’échapper, ou alors que très lentement.
Étant donné les effets nocifs de la pollution sur la santé non seulement pulmonaire mais aussi cardiovasculaire, il est important que les piétons apprennent à se protéger. Car, contrairement aux usagers de la route, ils peuvent s’éloigner du trafic. Il faut savoir que quelques minutes passées dans un environnement pollué ne seront pas "annulées" en séjournant par la suite dans un lieu agréable. Les polluants entrent dans le corps à travers le système respiratoire et passent ensuite dans le sang, où ils déploient leurs effets nocifs pendant des heures.
Marcher loin de la pollution
Pour qu’un déplacement à pied soit un réel gain de santé pour le piéton, il importe d’éviter les rues polluées et encaissées. Si on est obligé de longer un tel axe, il vaut la peine de cheminer un peu en retrait du trafic. Sur les ponts très encombrés par la circulation motorisée, comme le pont du Mont-Blanc à Genève, on peut même se fier au sens du vent! Par temps de bise, chacun peut vérifier qu’il est plus agréable d’emprunter le trottoir nord (côté lac). Lorsque le vent du sud domine, c’est le trottoir sud (côté Rhône) qui sera le moins pollué.
Si on cherche le parcours idéal pour se rendre régulièrement sur son lieu de travail, d’études ou de courses, il vaut la peine d’investir un peu de temps. En étudiant soigneusement un plan de ville, on choisira un chemin peut-être un peu plus long, mais agréable car passant par des parcs publics, des rues à faible trafic, ou encore sur des trottoirs suffisamment larges. Si le parcours est un peu plus long, ce n’est pas forcément un problème: un minimum de 30 à 60 minutes de marche rapide est recommandé chaque jour pour se maintenir en forme.
C’est pire dans le trafic
Cela dit, les automobilistes ne sont pas à l’abri de leurs propres gaz d’échappement. L’air conditionné et le chauffage de l'habitacle donnent une impression de confort en toute saison. Mais l’air qui circule à l'intérieur du véhicule est le même que celui qui environne le véhicule. Il est donc particulièrement chargé en polluants lors des jours sans vent, dans les tunnels, ou lorsque les voitures circulent pare-choc contre pare-choc – il faudrait plutôt dire "pot d’échappement contre prise d’air".