La plupart des 420’000 résidences secondaires de Suisse sont situées en montagne, dans des régions où la saison de chauffage peut durer 8 mois. Or, un propriétaire n’a rien à gagner à maintenir les lieux tempérés en son absence, même s’il revient chaque week-end. Contrairement aux idées reçues, il faut moins d’énergie pour remonter la température ambiante de 6°C à 20°C que pour maintenir continuellement cette température entre 15°C et 20°C pendant les cinq jours d’absence. Et l’avantage énergétique est évidemment encore plus grand si l’absence dure plus longtemps.
Cette bonne pratique ne nuit pas au confort, puisque le marché propose des solutions fiables pour commander le chauffage à distance, afin de retrouver une température agréable à son heure d’arrivée...
Il y a des solutions techniques pour pratiquement tous les chauffages
La plupart des chauffages peuvent être enclenchés ou réglés à distance:
- par téléphone fixe ou téléphone mobile
- par sms
- par Internet
De nombreux modèles de chaudières automatiques (gaz, mazout ou pellets) et de pompes à chaleur sont équipés – ou pré-équipés – pour recevoir des ordres de réglage grâce à une commande à distance. Il vaut donc la peine d’y penser à l’achat. Dans les autres cas, comme pour les chauffages électriques directs au sol ou par radiateurs, il est presque toujours possible d’ajouter un boîtier spécial sur le tableau électrique de la résidence, qui sera relié à l’installation de chauffage et au réseau de téléphonie fixe ou mobile. Pour trouver la meilleure solution technique, il vaut mieux faire appel à un électricien ou à un chauffagiste. La commande, pose comprise, coûte généralement entre CHF 800.- et 1500.-
Les boîtiers de commande à distance offrent toutes sortes de possibilités. Les plus simples font passer le chauffage du mode "hors gel" à la température de confort, et vice versa. D’autres gèrent aussi le chauffe-eau. D’autres encore peuvent enclencher différents appareils électriques et l’éclairage. Les plus sophistiqués, enfin, sont couplés à des capteurs qui peuvent informer le propriétaire sur la température des locaux ou l’arrivée d’un intrus. Et pour les chauffages électriques directs, il y a des possibilités de piloter indépendemment les radiateurs dans les différentes pièces.
Commande sur téléphone fixe ou mobile
Si on a déjà une installation de téléphonie fixe, il n’y a pas d’abonnement spécial à contracter. Si on compte utiliser le réseau de téléphonie mobile, la commande doit être équipée d’une carte SIM avec son propre numéro de téléphone. Il n’est pas nécessaire d’avoir un abonnement, étant donné que les sms seront peu nombreux: une carte à prépaiement suffit. Enfin, on peut aussi piloter son chauffage par Internet, mais cette solution est généralement plus coûteuse, à la fois sur le plan financier et sur le plan de la dépense d’énergie électrique nécessaire au fonctionnement du dispositif.
Qu’elle reçoive ses ordres par les touches du téléphone, par sms ou par Internet, la commande est protégée par un code de sécurité, afin que seules les personnes concernées puissent envoyer leurs ordres. Et elle confirme qu’elle a appliqué la consigne d’augmenter – ou d’abaisser – le chauffage par synthèse vocale ou par sms. Certains dispositifs peuvent aussi envoyer des alertes à des personnes choisies (par sms ou par e-mail), si le chauffage tombe en panne ou si la température baisse de manière anormale parce qu’une fenêtre est ouverte.
Commandes à distance pour chauffage -www.topten.ch
Chauffer une seule pièce
Si le chauffage ne peut pas se coupler à une commande à distance, on peut acquérir un petit radiateur électrique d’appoint, et l’enclencher grâce à une prise électrique spéciale qui peut recevoir une carte SIM de téléphonie mobile et réagir à un sms. Cela permet de chauffer une seule pièce (dont la porte est fermée) quelques heures avant l’arrivée à destination, et d’y vivre en attendant que le chauffage remonte la température dans le reste des locaux. Ce genre de prise commandée par sms peut enclencher et déclencher à distance n’importe quel appareil électrique capable de démarrer dès sa mise sous tension, sans autre forme de réglage.
L’économie de chauffage rembourse rapidement le prix de la commande
Quel que soit le type de résidence secondaire – il vaut la peine de baisser la température de consigne du chauffage en son absence – surtout si on n’est pas certain d’y revenir rapidement. La diminution d’un seul degré de la température ambiante équivaut à une économie d’énergie (et d’argent) de 5 à 7%. Le seul fait d’abaisser la température de 21 à 15°C engendre une économie d’environ 30% sur les frais de chauffage (soit CHF 300.- par an pour un chalet moyen). Et en descendant jusqu’à 6°C, on peut atteindre 60% d’économie – et même davantage si on profite du soleil pour maintenir les lieux à l’abri du gel (voir plus bas).
Baisser le chauffage permet aussi des économies annexes: le moteur-compresseur du frigo ou du congélateur tournera moins; dans les armoires, les denrées alimentaires se conserveront mieux et plus longtemps; fonctionnant moins souvent, la chaudière ou la pompe à chaleur s’usera moins...
Dès que survient la belle saison, il ne faut pas oublier de couper le chauffage en quittant la résidence (le laisser en fonction "hors gel"), car un chauffage réglé toute l’année pour maintenir une température de 10°C peut s’enclencher même au coeur de l’été (!) lorsque surviennent des jours frais.
En cas d’absence, il est judicieux de baisser la température de l’eau chaude à 10°C
Si on s’absente plus de quatre jours, on pensera aussi à baisser la température du chauffe-eau sur 10°C (protection contre le gel), et à arrêter aussi la pompe de circulation de l’eau chaude sanitaire (s’il y en a une) pour économiser de l’électricité. Il est important de ne pas laisser le chauffe-eau sur une température intermédiaire: à 10°C, les légionelles (bactéries qui peuvent infecter le système respiratoire et provoquer une pneumonie grave et parfois mortelle) ne se développent pas, mais elles peuvent se multiplier lorsque la température de l’eau dépasse les 20°C. À partir de 50°C, elles sont tuées par la chaleur. Ce n’est pas en buvant l’eau qu’on peut se contaminer, mais lors de la douche, en respirant les gouttelettes d’eau en suspension dans l’air.
Bien choisir la température d’absence et le moment de la remonter
La bonne utilisation d’une commande à distance requiert un peu d’expérience. Le temps nécessaire à la remontée de la température intérieure va dépendre de la température extérieure, de la réserve de puissance de l’installation de chauffage, et du type de construction: un chalet en bois se chauffe plus vite qu’une maison en pierre ou en béton; un bâtiment avec une isolation extérieure met plus de temps à se refroidir et à se réchauffer qu’avec une isolation intérieure. Au début, il est utile de noter quelques paramètres: la température la plus basse choisie pendant l’absence, le temps qu’il a fallu au chauffage pour remonter jusqu’à la température de confort, et les températures extérieures de la région de résidence.
On se rappellera aussi qu’avec un chauffage au sol la remise en température peut prendre 2 à 3 jours. De plus, si le chauffage est électrique et profite du tarif de nuit pour accumuler la chaleur, il faut le relancer au moins la veille de son arrivée!
Dans un bâtiment avec plusieurs logements, il est possible que la baisse de température d’un appartement à 6°C rende les murs ou le plancher de l’appartement voisin si froids, que ses occupants aient de la peine à se chauffer. Voilà pourquoi, en règle générale, on conseille de descendre seulement jusqu’à 12°C dans les immeubles. De plus, si tous les propriétaires absents ont la bonne idée de baisser leur chauffage et décident de le relancer tous en même temps (le vendredi matin, par exemple), le temps nécessaire à remonter la température de tous les appartements va être plus long que pour un seul.
Si les fenêtres sont exposées au sud, il peut valoir la peine de laisser leurs volets ouverts
Lorsque le chauffage a été réglé sur 8°C ou moins, il vaut mieux laisser ouverts les volets des fenêtres orientées au sud, car la chaleur emmagasinée grâce aux rayons du soleil (gains passifs) peut être supérieure aux pertes évitées grâce à la fermeture des volets. Attention toutefois de bien évaluer l’impact réel de l’ensoleillement (ombres portées du toit, des balcons, des arbres, des montagnes et des bâtiments voisins; durée de l’ensoleillement)... et le risque d’intrusion.
Si on doit choisir ou changer des fenêtres situées au sud, on a intérêt à choisir des vitrages non seulement bien isolants (petite valeur U) mais aussi très transparents à l’énergie du soleil (grande valeur g), afin de profiter des gains solaires durant la saison froide.
Il est rare que la baisse du chauffage crée des problèmes d’humidité
Les risques de condensation d’humidité sont généralement minimes, sauf si le bâtiment est très étanche et qu’une importante source d’humidité ambiante existe à l’intérieur (infiltration d’eau, bassin). À la montagne, l’air intérieur des résidences secondaires est généralement très sec durant l’hiver.
Dans certains cantons, la loi oblige les propriétaires à s’équiper d’une commande de chauffage à distance
Les cantons de Neuchâtel et du Valais sont, pour l’instant, les seuls en Suisse romande dont les lois sur l’énergie obligent les résidences secondaires neuves (individuelles et collectives) à s’équiper d’un réglage à distance avec au moins deux niveaux de température ambiante. Ces exigences deviennent également valables pour les résidences secondaires existantes (individuelles et collectives) lorsqu’on prévoit un changement du système de distribution du chauffage.
Make Heat Simple – campagne de SuisseEnergie pour diminuer la consommation de chauffage des résidence secondaires