On peut se protéger de la chaleur en appliquant quelques bonnes vieilles recettes, plutôt que d’avoir recours à un climatiseur qui aggrave encore le problème au niveau local et global.
Dès que la chaleur s’installe, les publicités nous incitent à acquérir un petit appareil de climatisation. Or, pour produire du froid, ces appareils consomment beaucoup d’électricité. Et comme la production d’électricité dégage du CO2, ils participent au... réchauffement du climat. De plus, les climatiseurs produisent au total davantage de chaleur à l’extérieur que de froid à l’intérieur: ils contribuent à échauffer l’atmosphère estivale de nos villes. Il vaudrait donc mieux adopter quelques mesures de bon sens.
Pendant la journée, on fermera non seulement les volets et les stores, mais aussi les fenêtres. Car si le soleil brille, il fera certainement plus chaud dehors qu’à l’intérieur. Pour autant, il ne faut pas plonger son appartement dans l’obscurité: il suffit d’éviter l’impact direct du rayonnement solaire. La plupart des plantes d’appartement se contentent d’une lumière diffuse.
La nuit, entre 22 h et 6 h du matin, le défi est d’évacuer la chaleur tout en aspirant de l’air frais dans les logements et les bureaux. Il s’agit de créer des courants d’air, par exemple en ouvrant des fenêtres des deux côtés d’un appartement traversant. Si on habite une maison, on peut ouvrir une fenêtre à la cave et une autre à l’étage (laisser la porte de la cave ouverte!). L’air chaud sera évacué par le haut, alors que de l’air frais sera automatiquement aspiré par la cave. C’est ce qu’on appelle l’effet cheminée. Pour éviter les cambriolages, il vaut évidemment mieux que les fenêtres soient munies de grilles ou de sauts-de-loup! Lors des grandes chaleurs, la bonne technique consiste à attendre le plus tard possible pour aérer et à refermer tôt le matin, car le moment le plus frais se situe juste avant le lever du soleil. Il est essentiel d’ouvrir en grand.
Utiliser l’inertie thermique
L’objectif n’est pas seulement de remplacer l’air chaud par de l’air frais, mais aussi de refroidir la masse des murs, des sols, des plafonds et des meubles. Ainsi, lorsqu’on fermera les fenêtres de bon matin, on conservera la fraîcheur pendant la journée. Ce phénomène d’inertie thermique fonctionne très bien avec les matériaux denses tels que la brique, le carrelage ou le béton, mais malheureusement moins bien avec les planchers en bois et les murs légers. Durant la période de canicule, il vaut la peine d’enlever un tapis pour faciliter le refroidissement nocturne du sol. Il faut savoir que les murs centenaires en moëllons stockent mieux le froid que les murs minces des années 1950-1970.
Gare aux brusques différences de température!
Si on doit utiliser un climatiseur, il faut éviter que les locaux deviennent trop frais par rapport à la température extérieure. D’une part, le corps s’habitue à une température plus élevée en été; d’autre part, une différence de 5 degrés suffit pour donner une sensation de fraîcheur. Ainsi, si la température extérieure est annoncée à 32°C, on aura avantage à régler le thermostat du climatiseur sur 27°C, pas au dessous.
De nombreuses études ont montré que les variations brusques et répétées de température affaiblissent l’organisme, ce qui peut entraîner des infections respiratoires. Sans compter que, si elle est mal entretenue, une climatisation est tout sauf hygiénique – l’humidité est propice au développement de bactéries qui sont ensuite propulsées dans l’air. Après avoir étudié les conséquences tragiques de la canicule 2003, des médecins français travaillant pour le Ministère de la santé ont constaté que le comportement le plus judicieux n’était pas le recours systématique à la climatisation, mais d’éviter le soleil, de porter des vêtements amples, légers et de couleur claire, et surtout de boire beaucoup d’eau et de boissons sans alcool (voir la recette).
Éviter de produire de la chaleur
Les lampes à incandescence et les halogènes produisent beaucoup de chaleur – jusqu’à 500 watts pour un lampadaire de salon. Les lampes à LEDs, les lampes économes et les tubes lumineux en dégagent 4 à 6 fois moins pour la même quantité de lumière.
En cas de canicule, mieux vaut éviter de cuire des aliments et de chauffer de l’eau, surtout à midi. En privilégiant les aliments crus (salades, fruits) ou cuits à l’avance (pain, conserves de haricots ou de lentilles, etc.), on se nourrit sainement sans réchauffer son chez-soi. L’utilisation du four est évidemment à proscrire... Quant au frigo et au congélateur, il faut se rappeler qu’ils produisent davantage de chaleur que de froid. On aura donc avantage à éviter qu’ils tournent à plein régime: enlever la couche de glace; dépoussiérer le radiateur (qui se trouve à l’arrière de l’appareil) et faciliter son aération; ne jamais y placer de plats encore chauds.
On peut aussi éteindre tous ces appareils qui tirent un peu d’électricité inutilement et produisent de la chaleur en conséquence: machine à café, chaîne stéréo, ensemble TV-video, etc. Beaucoup d’entre eux consomment de l’électricité même lorsqu’on les croit éteints. C’est notamment le cas du matériel informatique ancien, qu’on gagnera à brancher sur une barrette multi-prises munie d’un interrupteur.
Améliorer la conception des bâtiments
Les solutions sont aussi entre les mains des architectes et des promoteurs immobiliers. Avec les connaissances actuelles, il est tout à fait possible de construire ou de rénover des bâtiments afin qu’ils restent frais en été et pas trop froids en hiver – sans devoir recourir à la climatisation. Le plus important est de placer une épaisse isolation à l’extérieur du bâtiment et de bien réfléchir à la disposition des fenêtres et à la longueur des avants-toits. Une grande baie vitrée orientée plein-sud sera bénéfique en hiver, mais, si elle n’est pas à l’abri du soleil en été, elle devra être munie de stores ou de volets extérieurs efficaces pour ne pas surchauffer le logement.
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