Le mazout, qui est appelé "fioul" en France, est une huile légère issue du raffinage du pétrole brut. Près de 40% des bâtiments de Suisse en brûlent pour se chauffer – et ce sont en très grande partie les moins bien isolés. Ainsi, chaque jour en moyenne, le pays brûle un volume de 6 millions de litres pour le chauffage, soit environ un quart des produits pétroliers consommés. Si on empilait des barils, cela ferait une colonne de 35 km de haut.
Touchez l'image pour l'animer
Comme toute chaudière automatique, la chaudière à mazout a aussi besoin d'électricité pour fonctionner.
100% du mazout est importé
D'après sa structure géologique, il est possible que le sous-sol de la Suisse abrite du pétrole, mais les prospections réalisées jusqu'ici n'ont pas permis de trouver des gisements exploitables. Tout le mazout utilisé dans le pays est donc importé. Les trois quarts le sont par pipeline, train, péniche ou transport routier. Le quart restant provient de la seule raffinerie du pays, située à Cressier (NE) et alimentée par un pipeline en provenance de France. Le combustible est finalement délivré aux bâtiments par camion-citerne.
Le mazout, qui se conserve sans perte de qualité environ trois ans, a l'avantage de pouvoir être stocké, offrant ainsi une certaine autonomie et une possibilité d'achat en fonction des prix du marché. Mais il faut consacrer de la place pour la citerne et assurer que son contenu ne puisse pas polluer les eaux.
Les citernes à mazout ne sont pas partout autorisées
Les citernes à mazout ne sont pas autorisées partout. L'installation est soumise à la Loi et à l'Ordonnance sur la protection des eaux (LEaux et OEaux). Les conditions à respecter et les obligations de contrôle dépendent du lieu d'implantation de la citerne, de son volume, et de sa position (enterrée ou à l'intérieur d'un bâtiment). Depuis 2015, les anciennes citernes enterrées à simple paroi doivent être modifiées (ajout d'une autre paroi), changées ou mises hors service.
Mis à part le mazout standard, on trouve en Suisse une qualité "Eco", plus pauvre en soufre et en azote, qui réduit la pollution par les NOx et le SO2. Ce mazout forme moins de boue au fond de la citerne et produit moins d'acide corrosif dans la chambre de combustion des chaudières à condensation. Grâce à des progrès techniques sur la combustion et à la condensation de la vapeur d'eau des fumées, une chaudière moderne "à condensation" consomme jusqu'à 20% de moins qu'un modèle d'il y a 25 ans, et elle produit bien moins de polluants. À l'époque, on avait tendance à surdimensionner les installations et à les faire fonctionner à trop haute température, ce qui engendre de trop fréquents cycles "marche/arrêt" et des pertes par rayonnement.
Le chauffage au mazout a beaucoup d'impacts sur le climat
Étant donné le nombre de chaudières en service, le chauffage à mazout contribue de manière significative à la pollution de l'air, notamment en milieu urbain. Il produit aussi 10 fois plus de gaz à effet de serre que les pellets de bois, 4 à 8 fois plus que l'électricité nécessaire à une pompe à chaleur (en Suisse), et 25% de plus que le gaz naturel. De plus, l'extraction du pétrole du sous-sol devient toujours plus coûteuse en énergie et plus dommageable pour les mers, les océans et le climat. Brûler du mazout pour chauffer des bâtiments est aussi un gaspillage de ressources, car il est composé d'hydrocarbures variés et complexes qui peuvent être utilisés pour la fabrication d'innombrables matériaux, objets et substances – dont les carburants pour véhicules motorisés, qui sont difficiles à remplacer.
Une chaudière à mazout est (encore) au bon endroit :
- Si elle respecte la planification énergétique territoriale et si on n'a pas d'autre choix.
- Si le bâtiment ne peut pas être bien isolé et nécessite un chauffage à haute température (dans ce cas, le système de condensation des fumées ne sera efficace qu'en entre-saison).
- Si elle brûle du mazout de qualité ECO et que l'entreprise qui l'installe peut produire une "Garantie de performance".
- Si, en cas de remplacement de chaudière, on vérifie que la distribution de chaleur dans le circuit hydraulique est bien équilibrée.
- Si l'eau de condensation (un litre par litre de mazout) passe par un système de neutralisation de l'acidité avant d'être rejetée aux égouts (c'est obligatoire pour les chaudières de plus de 200 kW).
- Si sa citerne respecte la Loi et l'Ordonance sur la protection des eaux (LEaux et OEaux).
- Si les conduites qui passent dans des locaux non chauffés sont bien isolées, et si les pompes de circulation sont efficaces (classe A).
- Si les radiateurs sont équipés de vannes thermostatiques.
- Si des capteurs solaires thermiques participent à la production d'eau chaude sanitaire (et au chauffage).
- Si on ne laisse pas le chauffe-eau s'entartrer.
- Si l'installation est régulièrement suivie, et si la chaudière et la cheminée sont inspectées tous les 2 ans.
Avenergy Suisse • Cette association représente les intérêts des importateurs de combustibles (dont le mazout) et de carburants liquides (essence, diesel et autres) -www.avenergy.ch
ConsoBat • Ce calculateur gratuit permet de suivre la consommation d'énergie du chauffage en fonction de la météo. Il détecte rapidement les anomalies de consommation, et permet de mesurer les économies d'énergie dues à des travaux de rénovation (ou à de nouveaux réglages de l'installation de chauffage) indépendamment de la météo.
Remplacer la chaudière à mazout par une pompe à chaleur "air/eau"