Environ 7% des bâtiments du pays sont chauffés par un "chauffage à distance" (CAD) qui distribue son énergie à l'aide d'un "réseau de chaleur". Un tel réseau peut être alimenté par une usine d'incinération des ordures ménagères, une grande chaudière à bois, une centrale de couplage chaleur-force (CCF) alimentée au gaz naturel/biogaz ou au bois, un site industriel qui a des rejets de chaleur à valoriser, etc.
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Ce chauffage à distance (CAD) avec son réseau de chaleur est alimenté par une usine d'incinération des ordures ménagères (UIOM). L'échangeur de chaleur situé entre le réseau et l'installation de chauffage du bâtiment appartient généralement à l'organisme qui distribue la chaleur; il peut être situé à l'extérieur ou à l'intérieur du bâtiment. Un même échangeur de chaleur peut desservir plusieurs bâtiments.
Avec un chauffage à distance, pas besoin de chaudière, ni de cheminée
On peut se représenter un chauffage à distance et son réseau de chaleur comme un immense chauffage central, avec ces deux conduites "aller et retour" enterrées et bien isolées, dont les bâtiments sont les radiateurs. Il y a des petits réseaux qui alimentent quelques bâtiments, et des très grands qui parcourent plusieurs quartiers dans une agglomération. Certains sont même interconnectés pour une meilleure gestion de l'énergie sur l'année.
L'immeuble ou la maison individuelle reliée au réseau de chaleur à distance n'a besoin ni de chaudière, ni de cheminée, ni de citerne: les conduites souterraines lui amènent directement de l'eau très chaude (de 60 à 135°C et jusqu'à une pression de 15 bars, suivant les réseaux). La température est généralement plus élevée en hiver qu'en été.
Sauf dans les tout petits réseaux, le bâtiment n'utilise pas directement l'eau chaude que lui amène la canalisation; il est équipé d'un échangeur relié à son propre circuit de radiateurs (ou de chauffage par le sol) et d'eau chaude sanitaire. La facturation se fait sur la base d'un compteur de chaleur et d'un contrat qui lie le propriétaire du bâtiment pendant plusieurs années à l'organisme qui gère le réseau (collectivité, groupe "public-privé" ou société privée).
Le chauffage à distance est profitable là où l'habitat est dense
Le chauffage à distance a beaucoup d'avantages. Il limite le nombre d'installations productrices de chaleur, ainsi que le nombre de cheminées et leurs émissions de polluants et de CO2. Pour les bâtiments reliés, c'est un gain de place, car le dispositif d'échange de chaleur est peu encombrant. Plusieurs immeubles peuvent d'ailleurs se partager une même station d'échange de chaleur. On évite aussi le trafic routier lié aux livraisons de combustible et aux interventions d'entretien. Et il y a moins de risque d'accidents et de pollution des eaux et du sol qu'avec les réseaux de gaz et les citernes à mazout.
D'autre part, un réseau de chaleur est mis en place pour des dizaines d'années – jusqu'à 100 ans. Au fil du temps et de son extension, d'autres centrales productrices de chaleur peuvent s'y ajouter ou remplacer les centrales existantes. On peut imaginer, par exemple, qu'une grande centrale géothermique, qui puise de la vapeur à quatre ou cinq kilomètres dans le sous-sol pour faire tourner un générateur d'électricité, prenne un jour le relais d'une centrale à gaz... Ainsi les CAD permettent de passer progressivement à certaines énergies renouvelables que seules de grosses installations peuvent bien exploiter.
Chauffé avec les déchets ménagers
En attendant, la plupart des usines d'incinération des ordures ménagères (UIOM) de Suisse valorisent déjà leur chaleur en produisant de l'électricité, de la vapeur utilisable par l'industrie, et de la chaleur pour le chauffage à distance. Mais on pourrait encore doubler les possibilités pour le chauffage, et multiplier par un facteur encore plus grand les bâtiments raccordés, si tous étaient mieux isolés.
Les grands réseaux de chauffage sont particulièrement intéressants dans les agglomérations à forte densité d'habitat. Ils le sont beaucoup moins dans les zones où l'habitat est peu dense (zones villas et zones rurales), car la demande de chaleur est faible par rapport à la longueur des conduites à installer – surtout si les maisons sont bien isolées. Suivant le lieu d'implantation, le raccordement d'un bâtiment au réseau de chauffage peut être obligatoire.
Vidéo un peu disjonctée sur le chauffage à distance et son fonctionnement
Un chauffage à distance (CAD) est au bon endroit :
- S'il est intégré à la planification énergétique territoriale
- S'il remplace des installations polluantes et/ou émettrices de CO2 (mazout, gaz, chauffage électrique, bois) et permet un gain d'énergie sur l'ensemble du réseau.
- S'il permet de valoriser des rejets de chaleur produits dans tous les cas (rejets industriels, usine d'incinération des ordures ménagères).
- Si la densité de bâtiments raccordés est grande.
- S'il prévoit de s'adapter à l'évolution des énergies renouvelables (géothermie, gaz de bois, biogaz).
- Si ses conduites sont très bien isolées et si ses pompes de circulation ont un très bon rendement (classe A).
- Si, par son abondance de chaleur à distribuer, il ne démotive pas le processus d'assainissement des bâtiments (meilleure isolation) et leur équipement avec des installations solaires.