Le calcul des besoins de chaleur d’un bâtiment à rénover ou à construire permet de prévoir, avant les travaux, s’il va remplir les exigences prévues par la loi cantonale sur l’énergie, ou faire mieux jusqu’à atteindre un des standards Minergie. Le calcul permet aussi de définir la puissance du chauffage à installer.
Se basant sur la norme SIA 380/1 pour un chauffage théorique à 20°C, ce calcul tient compte des plans et des matériaux choisis pour la construction et l’isolation. C’est en grande partie l’isolation, la superficie et la forme du bâtiment (l’enveloppe) qui sont déterminants, mais aussi les conditions météorologiques du lieu. Le calcul prend aussi en compte les pertes de chaleur dues à l’indispensable aération, mais aussi les sources de chaleur passives: l’énergie du soleil gagnée à travers les vitres (gains solaires), ainsi que la chaleur dégagée par les personnes, l’éclairage et les appareils électriques.
Touchez les maisons et les symboles gris!
L’isolation détermine la consommation pour le chauffage
Qu’ils soient chauffés au bois, à l’électricité, au gaz, au mazout ou avec une pompe à chaleur, tous les bâtiments peuvent être caractérisés avec une même unité: le «kilowattheure par mètre carré et par an» qui indique leurs besoins de chaleur.
Mais on peut prendre une unité équivalente plus parlante: le litre de mazout par mètre carré et par an (même si le bâtiment n’est heureusement pas chauffé au mazout).
20 litres !
Le bâtiment classique construit jusque dans les années 1920 possède des murs en pierre épais de 60 à 80 cm. Il n’a pas d’autre isolation que cette épaisseur. Les pertes de chaleur sont importantes: il faut chaque année l’équivalent de 20 litres de mazout pour chauffer un seul mètre carré.
Après rénovation: 6 litres
Poser une épaisse isolation sur l’extérieur des murs (si les façades doivent garder leur aspect d’origine, il existe des crépis isolants). Isoler sous le toit et entre le rez-de-chaussée et la cave. Poser des fenêtres à double ou triple vitrage (avec couche sélective). Installer un chauffage moins puissant puisque la maison est mieux isolée.
Pour les bâtiments totalement assainis, le Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC) et Minergie visent une consommation de 6 litres "équivalent mazout" pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire.
21 litres !
Dans les années 1950, on a souvent bâti avec un mur de béton ou de plots de ciment d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur, doublé d’une paroi de briques intérieure (avec un espace vide intermédiaire). L’isolation est très peu efficace.
Après rénovation: 6 litres
Une épaisse isolation sur l’extérieur des murs, sous le toit et entre le rez-de-chaussée et la cave; de nouvelles fenêtres à double ou triple vitrage (avec couche sélective); une installation de chauffage moderne – et plus petite puisque la maison est mieux isolée et une aération bien pensée.
Pour les bâtiments totalement assainis, le Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC) et Minergie visent une consommation de 6 litres "équivalent mazout" pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire.
22 litres !
C’est dans les années 1960-1970 qu’on a construit les bâtiments les moins bien isolés! Ils n’offrent souvent qu’un simple mur en béton armé ou en plots en ciment. En hiver, le gaspillage d’énergie est énorme. En été, c’est la chaleur qui pénètre facilement dans les logements. Les murs sans isolation favorisent aussi la perception des bruits de la rue.
Après rénovation: 6 litres
Une épaisse isolation sur l’extérieur des murs, sous le toit et entre le rez-de-chaussée et la cave; de nouvelles fenêtres à double ou triple vitrage (avec couche sélective); une installation de chauffage moderne – et plus petite puisque la maison est mieux isolée.
Pour les bâtiments totalement assainis, le Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC) et Minergie visent une consommation de 6 litres "équivalent mazout" pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire.
17 litres !
Suite à la crise du pétrole de 1974, on a commencé à isoler les murs intérieurs. Deux ou trois petits centimètres de laine de verre ou de polystyrène. L’effet sur la consommation est déjà notable. Mais on peut faire beaucoup mieux!
Après rénovation: 6 litres
Une épaisse isolation sur l’extérieur des murs, sous le toit et entre le rez-de-chaussée et la cave; de nouvelles fenêtres à double ou triple vitrage (avec couche sélective); une installation de chauffage moderne – et plus petite puisque la maison est mieux isolée.
Pour les bâtiments totalement assainis, le Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC) et Minergie visent une consommation de 6 litres "équivalent mazout" pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire.
13 litres
Dans les années 1990, l’isolation intérieure a pris de l’épaisseur. Huit centimètres en général, ce qui limite directement les pertes de chaleur à travers les parois. Or, la masse des murs se situe en dehors de l’isolation: elle est directement en contact avec le froid en hiver, et avec le chaud en été...
10 litres
Dès les années 2000 en général, l’isolation est non seulement à l’extérieur du bâtiment, mais elle est aussi plus épaisse: 12 ou 14 cm. En hiver, la masse des murs est protégée par l’isolation – ce qui donne une "inertie thermique" au bâtiment: il tend à garder une même température malgré les variations de la météo. En été, la masse reste tempérée: on évite les coups de chaleur.
Moins de 5 litres
(avec l’eau chaude)
L’isolation standard devient très performante et les bâtiments neufs s’approchent ainsi des normes Minergie. Le Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC) vise une consommation maximale de 4,8 litres d’équivalent mazout au m2 pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire.
Moins de 4 litres
(avec l’eau chaude et l’aération)
Bâti au standard Minergie : l’isolation extérieure est très épaisse (20-25 cm) afin de perdre un minimum de chaleur. De plus, une aération douce (avec récupération de chaleur) permet de renouveler constamment l’air en hiver, sans avoir à ouvrir les fenêtres. Le bâtiment est construit pour pouvoir consommer au maximum l'équivalent de 3,8 litres de mazout par m2 pour le chauffage, la production d’eau chaude et le fonctionnement de l’aération.
Un bâtiment au standard Minergie P peut théoriquement consommer l'équivalent de 3 litres de mazout par m2, ou même moins.
Le CECB et le CECB®PLUS
Le CECB (Certificat énergétique cantonal des bâtiments) indique le véritable état énergétique du bâtiment, puisque l’expert agréé qui le décerne étudie un bâtiment déjà construit et en usage. Le calcul se base sur la surface chauffée et la consommation d’énergie réelle (factures et relevés de compteurs) pour le chauffage, l’eau chaude et l’équipement technique électrique (aération, éclairage des communs, etc). Comme c’est le cas pour l’étiquette-énergie, le CECB utilise une échelle de classement qui va de de A (le meilleur) à G (le plus mauvais), mais il fait trois classements pour le même bâtiment:
- Un classement appelé Efficacité de l’enveloppe du bâtiment qui renseigne sur l’isolation (toit, murs, fenêtres et autres éléments en contact avec le froid extérieur).
- Un classement appelé Efficacité énergétique globale qui renseigne sur la quantité totale d’énergie nécessaire par m2 chauffé pour le chauffage du bâtiment, la préparation de l'eau chaude sanitaire et le fonctionnement de ses installations techniques. L’utilisation d’énergies renouvelables ou d'une pompe à chaleur améliore ce classement.
- Un classement appelé Émissions directes de CO2 qui indique la quantité de CO2 émise directement par le bâtiment pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. Les émissions de CO2 dues à la production de l'électricité consommée ne sont pas prises en compte pour ce troisième classement, ni les émissions liées à un chauffage à distance.
Ainsi, une maison peut être très bien classée sur la première échelle parce qu’elle est parfaitement isolée, mais mal classée sur la seconde échelle parce qu’elle est chauffée avec des radiateurs électriques. La maison serait mieux classée si elle était équipée d’une pompe à chaleur et d’un chauffage par le sol – système qui consomme 3 à 4 fois moins d’électricité. Avec le CECB, le propriétaire reçoit aussi des conseils pour diminuer la consommation d’énergie de son bâtiment.
Dans l’idéal, le CECB est affiché en bonne vue à l’entrée du bâtiment. Il s’agit d’informer les occupants, ou les futurs locataires ou acheteurs, sur l’état énergétique du lieu et sur les charges de chauffage et d’électricité à attendre. Dans certains cantons, il est même obligatoire de fournir ce certificat lors d’une transaction immobilière.
Le CECB®Plus (Certificat énergétique cantonal des bâtiments, version Plus) va beaucoup plus loin. C’est même un «must» pour un propriétaire qui désire faire une rénovation énergétique, mais qui ignore par où commencer. En établissant le CECB®Plus, l’expert rédige un rapport détaillé sur le bâtiment, et il inclut 1 à 3 scénarios possibles pour la rénovation: types d’interventions pour l’isolation, choix des installations techniques et de chauffage, travaux planifiés en une fois ou en plusieurs étapes, etc.
Un classement CECB provisoire et théorique peut également être attribué à un bâtiment neuf avant sa construction (CECB Nouveau bâtiment) – ou à un bâtiment ancien avant sa rénovation – sur la base des performances théoriques de son isolation et de ses installations techniques. Après au moins 3 années d'exploitation, un CECB basé sur les consommations réelles d'énergie pourra être établi.
Besoins de chaleur des bâtiments
Remarque 1
Si un bâtiment est chauffé par une pompe à chaleur ou, en partie, par des capteurs solaires, l’indice va le classer dans une catégorie qui ne correspond pas aux performances moyennes des bâtiments de son époque. Il consommera moins d’énergie au compteur, sans être forcément mieux isolé.
Remarque 2
Le bâtiment 2010 a un besoin en chaleur équivalent à 4,8 litres de mazout par m2 et par an pour le chauffage et la production d’eau chaude. C’est l’objectif visé par le Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC). La consommation de chaleur des bâtiments Minergie et Minergie P comprend le chauffage, la production d’eau chaude et l’électricité consommée pour faire fonctionner l’aération douce.
Remarque 3
Un bon indice ne veut pas forcément dire que ses occupants ont moins d’impacts négatifs sur l’environnement que les habitants d’un bâtiment qui utilise davantage d’énergie de chauffage au mètre carré. Cela dépend évidemment de la surface dont chaque occupant dispose pour vivre, ainsi que de leur comportement dans l’utilisation de l’eau chaude, de l’éclairage et des appareils électriques.
www.cecb.ch, Certificat énergétique cantonal des bâtiments
www.minergie.ch, Association Minergie