Peindre sans solvant

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Peindre sans solvant

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Bien choisir ses peintures pour protéger l'environnement et sa santé.

La belle saison incite aux travaux de peinture. Pour sa santé et l’environnement, on cherchera un produit avec le moins de solvants possibles et on se débarrassera des déchets du travail avec précaution.

Vieux pots de peinture

Avec l’été, voici revenu le temps des coups de peinture. Que l’on décide de repeindre un meuble, un mur, un vélo ou un volet, on a intérêt à bien choisir ses produits. On se méfiera tout particulièrement des très vieux pots qui traînent à la cave ou au garage, car beaucoup contiennent des substances chimiques aujourd’hui abandonnées ou limitées en raison de leur toxicité ou de leurs effets néfastes sur l’atmosphère. Depuis quelques années, en effet, les fabricants de peinture révisent la formule d’une large part de leur gamme pour offrir des produits avec moins, ou très peu, de "solvants organiques", appelés aussi COV (composés organiques volatils). C’est l’eau qui sert surtout de solvant dans un nombre croissant de peintures, et les performances en durabilité et résistance sont tout à fait comparables. Ainsi, avant d’acheter un pot de couleur, de vernis, de lasure ou de laque, renseignez-vous pour savoir si le marché propose un produit "sans solvant", car il a le double avantage de ne pas dégager d’odeurs nauséeuses et de permettre le rinçage des pinceaux avec de l’eau. 

Les solvants participent
à la formation du smog estival

Pinceau

La chimie du pétrole synthétise de nombreuses molécules capables de s’évaporer facilement dans l’air – des COV, donc – et qui peuvent servir de solvant dans les peintures. Ces solvants sont à l’origine de l’odeur qui émane des pots et des surfaces fraîchement peintes. En fait, les solvants ont un rôle temporaire: ils servent à dissoudre les différents constituants de la peinture (résines, liants, pigments, produits de charge, additifs etc.) et à favoriser leur bon étalement sous le pinceau. Ils ne réagissent pas chimiquement avec ces composants: leur rôle est justement de s’évaporer pour leur permettre de se combiner et de sécher.

Les vapeurs des COV sont malsaines à respirer: elles sont toxiques à des degrés divers, et même cancérigènes pour certaines. La plupart sont aussi inflammables. Les objets peints peuvent en dégager pendant de longs mois. De plus, durant les journées ensoleillées d’été, les vapeurs de COV interagissent avec les oxydes d’azote du trafic motorisé pour former le "mauvais" ozone (O3) en basse altitude: c’est le smog estival qui pique les yeux, attaque les voies respiratoires et provoque des accidents cardio-vasculaires. Les COV agissent aussi en haute-altitude – mais de manière opposée: ils favorisent la destruction de la "bonne" couche d’ozone qui protège les êtres vivants des dangereux rayonnements ultra-violets du soleil.

Pour inciter le marché à diminuer sa consommation de solvants, la Confédération a introduit en janvier 2000 une taxe sur les COV (CHF 3.- par kilo). Pour sa part, l’Union européenne a émis la directive Decopaint, entrée pleinement en application au 1er janvier 2010, qui fixe la proportion maximale de solvants dans les peintures et vernis utilisés dans le bâtiment. Dans cette directive, sur laquelle les fabricants suisses se sont alignés, les produits sont divisés en 12 catégories contenant plus ou moins de solvants. En effet, pour certaines applications comme l’imprégnation des fonds et les surfaces poreuses, leur utilisation reste encore nécessaire.

5 différents ecolabels pour la peinture

Il existe plusieurs écolabels à consulter. La Fondation Suisse Couleur (qui regroupe notamment des fabricants de peinture) propose un label qui s’inspire de l’Etiquette-énergie (voir en haut à droite).

Fondation suisse couleur

Sans solvant, mais pas sans danger

Même s’ils portent la mention "sans solvants", un pot ou une bonbonne-spray contiennent toujours une certaine quantité de COV (environ 2%). Ce sont en général des alcools et des dérivés des éthers de glycol, dont la toxicité est nettement moindre mais qu’il faut éviter de mettre en contact avec la peau. Quand on fait des travaux de décapage ou de peinture, on a d’ailleurs toujours intérêt à porter un masque filtrant les gaz et les aérosols (surtout si on utilise un spray), ainsi qu’à protéger sa peau en portant des vêtements couvrant, une casquette et des gants. On se protégera de même durant les phases de ponçage, au risque de respirer des poussières d’anciennes peintures qui peuvent contenir des métaux lourds. On évitera de boire et de manger sur le lieu des travaux, et on rangera le matériel dans un autre endroit que là où on vit pour éviter d’en respirer les émanations.

Déchets spéciaux

Les restes de peinture sont considérés comme des déchets spéciaux – même les restes de peinture dites "sans solvants". Les pots non terminés, les restes de solvants et diluants (thinner, white spirit...) et de décapants, ainsi que les déchets du décapage ne doivent pas aller dans les canalisations ni être déversés dans l’environnement. Il faut les confier à un point de collecte (se renseigner auprès de sa commune). S’il s’agit de petites quantités et qu’on n’est pas un professionnel, on peut les ramener gratuitement sur le lieu de vente, selon la loi sur les produits chimiques (LChim). Attention cependant: les solvants et les décapants peuvent faire fondre certains récipients en plastique (!), l’idéal est de les ramener dans leur emballage d’origine afin qu’ils soient facilement identifiés.

Il y a plusieurs raisons de ne pas mettre ces déchets à la poubelle. En coulant hors du sac, ils peuvent souiller le sol et nuire aux personnes qui évacuent les déchets. De plus, en se mélangeant avec d’autres produits chimiques, ils peuvent créer des émanations toxiques et des risques d’explosion. Enfin, s’ils sont incinérés avec les ordures ménagères, les COV s’évaporent en partie dans l’atmosphère... La récupération séparée de ces déchets permet de les incinérer dans des fours spéciaux ou d'en recycler une partie. Chaque année en Suisse, environ 8’000 tonnes de déchets de peinture et vernis sont ainsi récupérées, la majeure partie étant amenée par des entreprises, en accord avec l’Ordonnance sur le mouvement des déchets (OMoD).

Les pots vides en métal peuvent être évacués avec les déchets métalliques encombrants. Si elles sont vides, les bonbonnes-spray peuvent aussi suivre la filière du recyclage des métaux, sinon on les déposera dans un point de récupération. En cas de travail occasionnel avec une peinture qui ne se dilue pas à l’eau, il peut être plus écologique d’acheter un pinceau bon marché et de le jeter après emploi, plutôt que d’utiliser un solvant pour le nettoyer.