Durant les jours de chaleur et de grand soleil, l’ozone (O3), formé principalement à partir des gaz d’échappement des moteurs, tue. Certaines des victimes succombent à une insuffisance respiratoire, mais beaucoup d’autres meurent suite à des problèmes cardiovasculaires.
Environ 30% des 975 décès supplémentaires enregistrés en Suisse durant la canicule 2003 ne sont pas dus à la chaleur, mais à l’ozone. Telle est la conclusion de la Commission fédérale de l’hygiène de l’air et de l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Bâle. En Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, des chercheurs ont abouti à des conclusions comparables. Or, si 2003 a connu une mortalité exceptionnelle, il ne faut pas oublier que l’ozone, formé à partir de polluants émis en grande partie par le trafic, fait des victimes chaque été lorsque la chaleur et le soleil se conjuguent.
Une plaque en réaction
Dès son arrivée dans les poumons, l’ozone oxyde tout ce qu’il trouve et change de forme, redonnant de l’oxygène. Il est donc très peu probable qu’il puisse se faufiler dans la circulation sanguine. Et pourtant, lorsqu’un être humain est exposé à une forte concentration d’ozone, il développe dans l’heure qui suit une inflammation dans ses vaisseaux sanguins – une inflammation qui se maintient pendant au moins 24 heures.
Les chercheurs pensent que l’inflammation fragilise les parois des vaisseaux sanguins, ce qui peut conduire à leur rupture. Mais le plus souvent, c’est le contraire qui se produit: suite à une petite blessure sur une paroi, le corps sur-réagit et les cellules réparatrices envoyées en renfort s’empilent les unes sur les autres pour créer un petit amas, appelé plaque. Cette dernière peut grandir jusqu’à boucher le vaisseau. Elle peut aussi se détacher (on parle de "rupture de plaque") et, emportée par le flux sanguin, aller boucher un vaisseau dont le diamètre est plus petit. Avec de funestes conséquences, puisque c’est le principal mécanisme qui conduit à l’attaque vasculaire cérébrale ou à l’embolie pulmonaire.
Ces réactions rapides aux pics d’ozone sont certainement dues non seulement à l’inflammation des vaisseaux sanguins, mais aussi à trois autres effets déjà connu: la diminution du volume d’air inspiré (tous les tissus du corps manquent alors d’oxygène, y compris le cœur et le cerveau), une vasoconstriction généralisée (les veines et les artères se resserrent), et le ralentissement du rythme cardiaque.
Réduire les émanations des précurseurs de l’ozone
Les décès dus à la chaleur peuvent être évités grâce à des mesures de prévention: porter des habits légers et de couleur claire ainsi qu’un chapeau, bien s’hydrater, éviter le soleil, bien aérer son logement, etc. Quant aux morts imputables à l’ozone, elles impliquent un autre type de mesures, si on souhaite les éviter à l’avenir. Il faut réduire de manière durable les polluants qui se transforment en ozone sous l’influence du soleil: les gaz polluants émis par la circulation routière et les moteurs à explosion, et les composés organiques volatils (COV) issus des peintures, des laques et des vernis.